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Texte 2 Esclaves, à la merci des maîtres
Ce roman raconte l'histoire de Tituba, une jeune esclave noire à la Bar-
bade-ile de la mer des Caraïbes - au XVII siècle.
On pendit ma mère.
Je vis son corps tournoyer aux branches basses d'un fromager'.
Elle avait commis le crime pour lequel il n'est pas de pardon. Elle
avait frappé un Blanc. Elle ne l'avait pas tué cependant. Dans sa fureur
s maladroite, elle n'était parvenue qu'à lui entailler l'épaule.
On pendit ma mère.
Tous les esclaves avaient été conviés à son exécution. Quand, la
nuque brisée, elle rendit l'âme, un chant de révolte et de colère s'éleva
de toutes les poitrines que les chefs d'équipe firent taire à grands coups
10 de nerf de boeuf. Moi, réfugiée entre les jupes d'une femme, je sentis
se solidifier en moi comme une lave, un sentiment qui ne devait plus
me quitter, mélange de terreur et de deuil.
On pendit ma mère.
Quand son corps tournoya dans le vide, j'eus la force de m'éloigner
15 à petits pas, de m'accroupir et de vomir interminablement dans l'herbe.
Maryse CONDÉ, Moi, Tituba sorcière..., © Mercure de France, 1986.
Lire & comprendre
1. Quel événement traumatisant la narratrice raconte-t-elle dans
cet extrait ?
2. Quels sentiments éprouve-t-elle ? Justifiez votre réponse.
3. Quelle réaction physique cela provoque-t-il en elle?
Comment la comprenez-vous ?
4. Par quels procédés d'écriture la narratrice rend-elle compte
de l'horreur de la scène ?
5. Selon vous, pour quelle raison les esclavagistes forcent-ils
les esclaves à assister à cette scène ?

Bonsoir à tous, j'ai besoin d'aide pour la question 4. J'ai trouvé une anaphore (on pendit ma mère) mais quels sont les Autres procédés d'écriture ? Merci de votre aide. ​

Sagot :

Ollie
Bonjour, il y a effectivement l’anaphore, mise en relief par les retours à la ligne, mais aussi la comparaison (« je sentis se solidifier en moi comme une lave ») et la répétition (le corps qui tournoie).
On peut également relever les détails très crus de la mise à mort (le corps qui tournoie, la nuque brisée, rendre l’âme, vomissements de la petite...), opposés au prétexte qui la justifie : elle a frappé un Blanc. Même si elle ne l’a que légèrement blessé, c’est un crime de lèse-majesté. Pas de pardon ni de pitié possible : c’est pourquoi non seulement la mise à mort est cruelle, mais elle est donnée en spectacle aux autres esclaves. Et, comble de la barbarie, lorsqu’à juste titre ils manifestent tous (« toutes les poitrines ») leur indignation par un « chant de révolte et de colère » (même pas une émeute, juste un chant), ils sont très violemment frappés : « ... que les chefs d’équipe firent taire à grands coups de nerf de bœuf. »
Le but est donc d’émouvoir le lecteur, de le scandaliser par le côté à la fois pathétique et atroce de la scène (la petite doit assister au supplice de sa mère).
Voilà, bon courage !
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