Bonjour est-ce que quelqu’un peut m'aider a répondre a ces questions svp. Merci.
Il y a quelques jours, Mouloud est mort. Depuis dix ans il vivait dehors, dans notre quartier.
[…] Les élèves le connaissaient bien. Au début, on avait peur de lui. Et puis on s’était
habitué. On le saluait. On s’arrêtait pour discuter. Il refusait d’aller dans des foyers parce
qu’ils refusaient son chien. Même quand il faisait très froid. Les gens lui donnaient des
couvertures, des vêtements, de la nourriture. Il avait ses habitudes au café d’en face, il
buvait du vin dans des bouteilles en plastique. Pour Noël, on lui offrait des cadeaux.
Mouloud était kabyle, il avait les yeux bleus, il était beau. On racontait qu’il avait été
ouvrier chez Renault pendant dix ans, et puis un jour sa femme était partie.
Mouloud a eu un malaise, on l’a emmené à l’hôpital, et le lendemain on a su qu’il était
mort d’une embolie pulmonaire. Mon père a appris la nouvelle par les propriétaires du
café. Là où Mouloud s’était installé, les gens ont commencé à coller des affiches, des
lettres, des hommages, et même une photo de lui. Ils ont allumé des bougies et déposé
des fleurs. Le vendredi suivant il y a eu un rassemblement, une trentaine de personnes
sont venues autour de sa tente qui était restée là, personne n’avait voulu y toucher. Le
lendemain Le Parisien a publié un article sur Mouloud, avec une photo de son coin
transformé en autel.
La dame du bar d’en face a recueilli le chien de Mouloud. Les chiens on peut les prendre
chez soi, mais pas les SDF. Moi je me suis dit que si chacun d’entre nous accueillait un
sans-abri, si chacun décidait de s’occuper d’une personne, une seule, de l’aider, de
l’accompagner, peut-être qu’il y en aurait moins dans la rue. Mon père m’a répondu que ce
n’était pas possible. Les choses sont beaucoup plus compliquées qu’il y paraît. Les
choses sont ce qu’elles sont, et il y en a beaucoup contre lesquelles on ne peut rien. Voilà
sans doute ce qu’il faut admettre pour devenir adulte.
On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace,
d’identifier un criminel à partir d’un cheveu ou d’une minuscule particule de peau, de créer
une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir
dans une puce microscopique des milliards d’informations. On est capable de laisser
mourir les gens dans la rue.
Delphine De Vigan, No et moi, 2007.
1. Qui est Mouloud ? Pour quelles raisons vivait-il dans la rue ? Comment les gens du
quartier se comportaient-ils vis à vis de lui ? Justifiez en citant le texte.
2. a/ Qu’est-ce qu’un « autel » (l. 16) ?
□ Un établissement proposant des chambres.
□ Un lieu de rassemblement pour les manifestations.
□ Un espace servant au dépôt des offrandes dans les lieux sacrés.
b/ Pourquoi la narratrice utilise-t-elle ce mot ?
3. a/ Quelle est la classe grammaticale de « on » ?
b/ Qui est désigné par ce mot dans le premier paragraphe ? Et dans le dernier ?
4. A quel moment le texte cesse-t-il d’être narratif pour laisser place à une réflexion plus
générale sur la société ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des éléments
précis du texte.
5. « Les choses sont ce qu’elles sont » (l. 21-22). Pourquoi cette phrase est-elle écrite en
italique ?
6. a/ Comment est construit le dernier paragraphe ? Repérez au moins une figure de style.
b/ Que met en évidence cette construction ?
7. Dans un paragraphe rédigé et construit, vous expliquerez ce qui révolte la narratrice
dans la société d’aujourd’hui.
8. Que pensez-vous du point de vue développé par la narratrice.