Lisez les deux extraits suivants. Extrait 1 : Camus, « La peste », 1947. (Il s’agit d’une épidémie qui se propage à Oran, en Algérie, dans les années 1940.) « Ils éprouvaient ainsi la souffrance profonde de tous les prisonniers et de tous les exilés, qui est de vivre avec une mémoire qui ne sert à rien. Ce passé même auquel ils réfléchissaient sans cesse n’avait que le goût du regret. Ils auraient voulu, en effet, pouvoir lui ajouter tout ce qu’ils déploraient de n’avoir pas fait quand ils pouvaient encore le faire avec celui ou celle qu’ils attendaient - de même qu’à toutes les circonstances, même relativement heureuses, de leur vie de prisonniers, ils mêlaient l’absent, et ce qu’ils étaient alors ne pouvait les satisfaire. Impatients de leur présent, ennemis de leur passé et privés d’avenir, nous ressemblions bien ainsi à ceux que la justice ou la haine humaines font vivre derrière les barreaux. Pour finir, le seul moyen d’échapper à ces vacances insupportables était de faire marcher à nouveau les trains par l’imagination et de remplir les heures avec les carillons répétés d’une sonnette pourtant obstinément silencieuse. (…) Sans mémoire et sans espoir, ils s’installaient dans le présent. A la vérité, tout leur devenait présent. Il faut bien le dire, la peste avait enlevé à tous le pouvoir de l’amour et même de l’amitié. Car l’amour demande un peu d’avenir, et il n’y avait plus pour nous que des instants.» 1. Comment la peste influe-t-elle sur le rapport au temps ? 2. Quel lieu, quel état vous évoquent les « barreaux » ? 3. Vivez-vous le confinement actuel comme « des vacances insupportables » ? Justifiez votre réponse. 4. Quelle faculté apparaît comme un remède essentiel (« Pour finir …silencieuse.») ? A la lumière de votre expérience personnelle, approuvez-vous ce constat ? S’il vous plaît merci