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Sagot :
Réponse :
La rencontre d’Eugène Boudin et de la peinture est-elle le fruit du hasard ou de la nécessité ? Nul ne peut répondre à cette question. Mais le jeune papetier de Honfleur était, de par sa profession, en contact avec des peintres venant acheter du matériel et même exposer dans son magasin. Le magnifique paysage maritime environnant et la profonde évolution de la peinture au milieu du siècle feront le reste. La vocation d’Eugène Boudin repose ainsi sur la conjonction du talent qu’il sentait en lui et du milieu, qui le portait vers une des peintures paysagères les plus poétiques de l’histoire.
Il commence par vendre quelques portraits et surtout des natures mortes, très appréciées à l’époque. Mais le succès viendra des scènes de plage prises dans les stations balnéaires normandes, devenues des royaumes de l’élégance parisienne, selon le souhait du duc de Morny, le demi-frère de Napoléon III. Des figures d’estivants chics apparaissent sous un ciel immense à la Jacob van Ruisdael, la plage et la mer n’occupant que le tiers inférieur du tableau, le tout dans une ambiance lumineuse translucide. Le style est nettement impressionniste, même si l’artiste n’appartient pas au mouvement contestataire de l’époque. Trop discret, trop modeste pour hausser le ton, la personnalité de Boudin le limite, mais, en même temps, donne à son œuvre une dimension émotive unique.
Eugène Boudin. La plage à Trouville (1893)
Eugène Boudin. La plage à Trouville (1893)
Huile sur toile, 56 × 91 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.
La tradition veut que ce soit Corot qui le fasse « roi des ciels », mais Boudin écrit lui-même que telle était son ambition. « C’était mon idéal faire des grands ciels… mais le peintre propose et le ciel s’y oppose. Et dire que les gens croient la peinture facile. » (**) Son goût pour l’étude de la lumière précède celui de Claude Monet, de même que la pratique des séries, consistant à peindre le même paysage à différents moment de la journée ou de la saison afin de restituer les variations de la lumière.
Eugène Boudin. Barques et estacade (1890-1897)
Eugène Boudin. Barques et estacade (1890-1897)
Huile sur toile, 40 × 55 cm, musée d’art moderne André Malraux (MuMa), Le Havre.
Sur le plan chromatique, les œuvres les plus caractéristiques sont dominées par les nuances de gris, de gris-bleu et d’ocre de la plage et une atmosphère vaporeuse. Dans les années 1890, les formes se dissolvent, les touches rapides suggèrent le mouvement et la gamme chromatique se diversifie. Le peintre évolue, comme son disciple Claude Monet, vers la non figuration.
Explications :
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