bonjour pouvez vous m'aidez svp je n'ai pas compris (c'est du français ).merci d'avance.
Texte littéraire : Rhinocéros, Eugène IONESCO, 1959.
En 1959, Eugène Ionesco, célèbre dramaturge qui écrit en français, publie Rhinocéros, pièce dans laquelle le
personnage principal est Bérenger, habitant d’un petit village tranquille. Mais au fur et à mesure qu’il parle avec les
gens du village, il s’aperçoit qu’une maladie les contamine un à un, que tous, chacun à leur tour, se transforment en
rhinocéros. Le but de Ionesco est de montrer de manière imagée l’effet de la propagande dans un régime totalitaire :
chacun est convaincu par le discours tenu par les autorités. Cet extrait se situe à la toute fin de la pièce, alors que
Bérenger vient de voir sa femme, Daisy, se transformer à son tour en Rhinocéros. Bérenger est en effet le seul à ne pas
avoir été touché. Les rhinocéros sont symbolisés par des têtes accrochées au mur.
Ce n’est tout de même pas si vilain que ça un homme. Et pourtant, je ne suis pas
parmi les plus beaux ! […] Je suis tout à fait seul maintenant. (Il va fermer la porte à clé,
soigneusement, mais avec colère.) On ne m’aura pas, moi. (Il ferme soigneusement les
fenêtres.) Vous ne m’aurez pas, moi. (Il s’adresse à toutes les têtes de rhinocéros.) Je ne
vous suivrai pas, je ne vous comprends pas ! Je reste ce que je suis. Je suis un être humain.
Un être humain. (Il va s’asseoir dans le fauteuil.) La situation est absolument intenable. […]
Un homme n’est pas laid, un homme n’est pas laid ! (Il se regarde en passant sa main sur
sa figure.) Quelle drôle de chose ! À quoi je ressemble alors ? À quoi ? […] (Il se précipite de
nouveau vers le placard d’où il sort deux tableaux.) Oui, je me reconnais ; c’est moi, c’est
moi ! (Il va raccrocher les tableaux sur le mur du fond, à côté des têtes de rhinocéros.) C’est
moi, c’est moi. (Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un
vieillard, une grosse femme et un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec
les têtes de rhinocéros qui sont devenues très belles. Bérenger s’écarte pour contempler les
tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par
terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh, comme je
voudrais être comme eux ! Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en
faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. […] Ah, ce corps trop blanc, et
poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert
sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements.) Leurs
chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme
eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, ahh, brr ! Non, ce n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort
! Ahh, ahh, brr ! non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de
vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont
pas des barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps.
Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne
deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je
voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte ! (Il tourne
le dos à la glace). Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité !
(Il a un brusque sursaut.) Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma
carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes de
rhinocéros, tout en criant :) Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier
homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas !
Rideau

Questions :
Les réponses aux questions doivent être entièrement rédigées.
Sur le texte littéraire (document A)
1. Comment appelle-t-on cette forme de texte propre au théâtre ? Vous développerez dans
votre réponse des arguments précis et toujours illustrés d’exemples tirés du texte.
2. Par quels états d’âme successifs Bérenger passe-t-il ? Justifiez votre réponse par le texte.
3. « (Il ferme soigneusement les fenêtres.) » (ligne 3)
a. Quelle est la classe grammaticale ou la nature du mot souligné ?
b. Comment construit-on cette classe grammaticale (ou nature) ?
c. Relevez dans le texte un autre mot de la même classe grammaticale (ou nature).
4. À quoi correspondent les passages en italique dans cette scène ? En quoi peut-on dire qu’ils
sont essentiels pour bien la comprendre ?
5. Relevez un procédé littéraire (figure de style) fréquent dans le texte et expliquez son effet.