Réponse :
Daisy,
Je voudrais évoquer avec toi les temps heureux dans notre village, les moments passés à la terrasse du café sur la place. C'était avant l'invasion des rhinocéros. Nous nous entendions bien et puis tout basculé. Plusieurs ont pensé que ce n'était pas grave, qu'il fallait accepter l'ordre. Je me méfiais, tu te souviens. Jean était l'un des partisans des rhinocéros et sa transformation fut rapide, mais la tienne, je n'ai pas compris. Nous avions pourtant l'habitude de parler, de réfléchir en semble. Nous avions des projets, un avenir ensemble et puis, je t'ai vue différente, distante. Toi aussi tu as adhéré à cette force brutale qui a tout ravagé. Je me sens seul mais pourras-tu me comprendre maintenant que nous sommes si différents ? J' ai lutté, résisté de toutes mes forces, je ne pouvais admettre cette idéologie contagieuse, ces mouvements de foule, j'avais l'impression qu'on m'endoctrinait, qu'on me lavait le cerveau. J'ai regardé et j'ai bien vu que cette société là ne me convenait pas, qu'elle ne rendait pas les gens heureux mais agressifs. Je ne sais pas ce qui en moi se révoltait de vous voir tous changer si vite et si dangereusement. J'ignore si mes arguments peuvent encore t'atteindre et te convaincre. Souviens-toi Daisy des jours anciens. Moi je pleure.
Béranger
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