Sagot :
Du coin de l’œil, je vis les visages de mes camarades se tourner dans tous les sens, les uns se dévissant presque le cou pour essayer de capter un indice, une preuve de la culpabilité du malfaiteur. Autrement dit de ma culpabilité… Je m’agitais sur ma chaise et eut du mal à maitriser le tremblement de ma mâchoire. Je commençai à réellement paniquer. Qu’est ce qui m’avait pris ? Je sursautai de peur lorsque la voix menaçante de l’oncle Julien annonça que le moment de la dernière chance était arrivé. J’étais persuadé que la blancheur de mes joues et le tremblement de mes genoux me trahirait à un moment donné, mais personne ne semblait faire attention à moi, moi le bon élève, toujours discret, toujours studieux. Mais lorsque j’avais vu, là, à portée de main, c’est magnifique boite qui renfermait pas moins de 13 pierres semi-précieuses, j’avais perdu la tête. Les reflets mordorés m’attiraient, la brillance des étiquettes qui indiquaient : jade, lapis-lazuli ou quartz me faisait tellement envie… Je blêmis de peur quand je me rendis compte que l’histoire ne s’arrêtera pas uniquement à l’enceinte de l’école mais allait retentir aux oreilles de mes parents. J’entendais à peine la voix de l’oncle Julien qui prononçait les exercices que nous allions devoir faire tout au long de cette journée… Lorsqu’il m’interrogea sur ce que je pensais de la manière dont avait réagis Pierre sur le proverbe « qui vole un œuf vole un bœuf », la question me cloua sur place et j’eus bien du mal à ne pas éclater en sanglots. Je répondis d’une voix blanche qui me paraissait lointaine, même pour mes propres oreilles. Je dû paraître suffisamment convaincant pour que l’oncle Julien ne me soupçonne pas. La journée me parut longue, et plus le temps avançait, plus j’avais envie de le remonter pour remettre à sa place cette collection de minéraux. Je n’en pouvais plus de ce sentiment de culpabilité qui m’oppressait un peu plus la poitrine a chaque heure qui filait.
Une fois rentré chez moi, je décidais que je ne pourrais jamais devenir un honnête homme si je commençais déjà à chaparder des choses de-ci de-là du haut des 10 ans. Je fini par me convaincre qu’il fallait mieux que je rende la boîte, et j’en assumerais les conséquences, tant pis pour moi.
Le lendemain matin, je fus tellement mort de frousse de l’annoncer devant les autres élèves que je pris la décision d’aller rencontrer l’oncle Julien un quart d’heure avant la sonnerie. Quand j’entrai dans la salle, il était occupé à chausser ses lunettes sur le haut de son long nez aquilin.
- Monsieur, j’ai quelque chose à vous dire…